Défendre l’agriculture paysanne face aux SAFER
Le 4 juillet dernier, à l'appel du Groupement des Agriculteurs Bio du Limousin, une centaine de militants d'organisations associatives, syndicales ou politiques (Amis de la Terre, Confédération
Paysanne, MODEF, ATTAC, Verts...) était rassemblée devant la mairie de Saint-Vaury (Creuse) pour soutenir un jeune maraîcher bio contre la SAFER.
Stéphane, maraîcher, souhaitait en effet acheter trois hectares d’une exploitation voisine de 50 hectares pour obtenir la surface minimale d’installation et accroître sa production arboricole, en
plein essor, notamment grâce au développement de la restauration collective bio locale. Or, un Groupement Agricole d'Exploitation en Commun (GAEC) de quatre associés disposant de 180 hectares en élevage bovin et porcin conventionnel demandait à acquérir toute l'exploitation. Le 27 juin, le Comité technique de la SAFER (Société d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural) s'est exprimé en faveur du GAEC. Malgré la mobilisation, l'avenir du jeune maraîcher est incertain et demeure suspendu au réexamen du dossier, en septembre, par ledit Comité.
Accentuation des disparités
Cette affaire illustre le décalage entre le discours officiel donnant la priorité aux installations et à la diversification, et la politique d'agrandissement quasi-systématique promue par les organisations syndicales majoritaires. Le résultat est clair : plus de la moitié des fermes faisait moins de 50 hectares il y a trente ans, aujourd'hui, on en compte à peine 15%. De même, les exploitations de plus de 150 hectares représentent aujourd'hui 28% du parc agricole national, contre 9% en 1979. Dans ce contexte, on peut s’interroger sur la place consacrée à une agriculture biologique et paysanne, respectueuse de l'environnement, des hommes et des territoires.
Initiatives locales
Une réforme du système de gestion et d'attribution des fermes en vente est donc urgente. Mais en attendant de desserrer l'étau des syndicats productivistes sur les instances agricoles, des
alternatives sont prises pour les jeunes souhaitant s'installer, notamment en bio.
Ainsi les communes du pays du Grand Pau ont acheté des terres pour y créer des « fermes relais » à l'initiative du CIVAM Béarn. Des consommateurs ont fait de même au travers d'associations telles que Terre de liens ou les Associations Régionales pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural créées par la Confédération Paysanne, et qui accompagnent l'installation de jeunes. Aujourd’hui, seules ces initiatives portent l’espoir.
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