Challenges.fr
La secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot estime que le parti doit se réformer en profondeur d'ici la fin de l'année afin d'être en ordre de bataille pour les élections municipales qui leur sont traditionnellement favorables. /Photo prise le 21 juin 2007/REUTERS/Benoît Tessier (c) Reuters
Par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Les Verts doivent se réformer en profondeur d'ici la fin de l'année afin d'être en ordre de bataille pour les élections municipales, traditionnellement favorables au parti écologiste, estime Cécile Duflot.
Trois mois après les mauvais scores de son camp aux scrutins présidentiel et législatifs, la secrétaire nationale des Verts tire un bilan positif des Journées d'été de son parti à Quimper (Finistère), où ont afflué près de 1.300 sympathisants.
"Ça fait cinq ou six ans qu'on n'avait pas vu autant de monde, j'ai moi-même été surprise", a-t-elle déclaré à Reuters, au terme de quatre jours de débats en Bretagne.
"On était abattus, forcément, après ces deux défaites, et tout le monde avait besoin de se retrouver pour réfléchir, faire le bilan et préparer la suite", a souligné celle qui a pris les rênes du parti écologiste en décembre dernier.
Les Verts, qui comptent une quarantaine de maires en France, ont fait élire quatre députés aux dernières législatives.
Pour Cécile Duflot, la nécessaire réforme du parti écologiste, miné par les querelles internes ces dernières années, doit avoir lieu "très rapidement" et si possible "d'ici la fin de l'année".
Pour la secrétaire nationale de 32 ans, la priorité est double : réformer les instances du parti et bâtir un projet cohérent à même de séduire de nouveaux électeurs.
"Il faut s'opposer à (Nicolas) Sarkozy en reconstruisant un projet alternatif. C'est comme ça, sans esprit de boutique, qu'on pourra faire gagner la gauche et les verts", dit-elle, un œil rivé sur les affrontements actuels au Parti socialiste.
PROJET FORTEMENT ÉCOLOGIQUE
"Il ne faut pas s'appesantir sur les querelles internes, sur l'âge du capitaine ou le casting, mais sur la manière de bâtir un projet collectif. On ne gagnera à gauche que rassemblés, avec une diversité mais une cohérence, et avec un projet fortement écologique", estime-t-elle, reprenant les termes de son discours de clôture prononcé dans la matinée à Quimper.
C'est dans cet esprit que la secrétaire nationale aborde les municipales, "avec la volonté de construire des listes vertes, dans la perspective de coalitions et d'une majorité à gauche".
Côté rénovation des statuts, l'objectif est d'éviter les blocages à répétition.
"Il faut empêcher des écuries de paralyser le fonctionnement du parti. Il faut qu'on arrive à élire notre direction en même temps que la motion d'orientation à l'assemblée générale, directement par l'ensemble des adhérents, et aussi améliorer nos capacités de formation", énumère-t-elle.
A Quimper, les militants Verts ont aussi réfléchi sur leur rôle dans le projet gouvernemental "Grenelle environnement", qui devrait déboucher à l'automne sur une vingtaine de plans d'action dans les domaines de l'énergie, de la biodiversité et de la santé. Une loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) pourrait aussi naître des réflexions en cours.
Plusieurs responsables et élus verts, dont la sénatrice du Nord Marie-Christine Blandin et le député de Loire-Atlantique François de Rugy, participent aux groupes de travail mis en place avant l'été par le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo pour préparer ce rendez-vous.
"Notre place est double, un pied dedans, un pied dehors", dit Cécile Duflot, qui explique que si les Verts ont accepté de participer aux débats, ils restent vigilants.
"On n'est pas naïfs. Jean-Louis Borloo a confirmé que les projets seraient soumis à l'arbitrage du président donc on ne se fait pas grande illusion", dit la secrétaire nationale.
C'est pourquoi, ajoute-t-elle, les Verts et plusieurs associations ont mis en place un groupe de suivi chargé d'analyser au jour le jour ce qui se prépare et d'élaborer, le cas échéant, des contre-propositions.