Fin des groupes de travail du grenelle de l’environnement : vrais conflits, faux consensus...
Les associations de défense de l’environnement
Mercredi 26 septembre, alors que viennent de s’achever les dernières réunions des six groupes de travail et à la veille de la conférence de presse organisée par le ministre Jean-Louis Borloo, les associations membres de l’Alliance pour la planète ont fait le point sur les mesures les plus controversées et dressé un bilan du déroulement de cette première phase du Grenelle de l’environnement.
1/ Alors qu’il y a quelques années les associations écologistes se battaient pour faire reconnaître l’évidence de la crise environnementale, aujourd’hui, les objectifs qu’elles poursuivent semblent s’imposer. Divine surprise : la plupart des objectifs défendus par les associations écologistes ont été retenus dans les conclusions des groupes de travail ! C’est dire que les associations, fortes de leurs réseaux internationaux, de leurs expériences et leur expertise, sont porteuses de solutions concrètes à la crise écologique, rationnelles tant du point de vue environnemental que du point de vue économique et social. C’est dire aussi que l’ambition qu’elles ont pour le Grenelle, qui se traduit par des objectifs à la hauteur des problèmes, ne peut être ouvertement contestée. En passant d’une logique de co-gestion des politiques publiques et des modes de production entre l’État et les lobbies industriels et corporatistes de l’énergie, des déchets, de l’agriculture, des transports ou de la chimie à une logique de discussion, arguments contre arguments, sur la base de l’intérêt général, le contenu des politiques publiques pourrait fortement évoluer.
2/ Mais quand on aborde la question des moyens concrets à mettre en œuvre, les choses se corsent… Les consensus sur les objectifs ne signifient pas pour autant que les conflits aient disparu. La remise en cause de rentes et d’intérêts économiques génère encore d’importantes résistances. Sur les pesticides, le nucléaire, le dialogue environnemental, les aides à l’agriculture, les déchets, le principe pollueur-payeur : bien des divergences entre les acteurs demeurent. En refusant les moratoires sur l’EPR, sur les cultures d’OGM, sur la construction d’incinérateurs et d’autoroutes, certaines parties prenantes – parfois l’État, souvent le Medef et la FNSEA – tentent de maintenir dans les faits nos « monocultures » industrielles et agricoles. Ceux qui prétendent que « tout est possible » promeuvent en réalité un impardonnable statu quo. Entre les OGM et le bio, de nouvelles autoroutes et plus de ferroviaire et de transports en commun, un EPR et des économies d’énergies ou des renouvelables, des incinérateurs et le tri sélectif, la co-gestion des politiques publiques par les lobbies et la démocratie écologique, il va falloir choisir.
3/ Objectif de l’Alliance : que les moyens à mettre en œuvre et les décisions qui seront prises soient à la hauteur des ambitions affichées par tous. Les consensus sur les objectifs, établis à l’issu des réunions des groupes de travail, resteront de vaines promesses si les moyens et les modalités de mise en œuvre ne sont pas clairement identifiés et validés lors de la phase de négociation, fin octobre. Faute de pouvoir contester les objectifs ambitieux portés par les associations écologistes, la tentation semble forte, pour le Medef et la FNSEA notamment, de faire en sorte qu’ils ne soient assortis d’aucun mesure concrète, d’aucune contrainte réglementaire, d’aucun moyen financier, d’aucun calendrier de mise en œuvre… Pourtant sur ces enjeux que se jouera le Grenelle.
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