Vie privée, vie publique, République et laïcité
L’éditorial de Jean-Pierre Dubois, président de la LDH – LDH Info n°172 décembre 2007
2007 s’est achevée dans un climat exaspérant pour les défenseurs des droits, de la citoyenneté et de la république laïque, démocratique et sociale que nous sommes.
Exaspérante, la vulgarité clinquante qui étale la fortune et les bonnes fortunes du monarque dans le style des pires feuilletons télévisés, jusqu’à retrouver le premier magistrat de la République à la une d’un de ces hebdomadaires qui semblent devoir servir de chroniqueurs du quinquennat. Au-delà d’une personnalité « décomplexée », la dégradation de la représentation politique se révèle crûment dans la mise en scène de cette dolce vita élyséenne.
Exaspérante et plus intolérable encore, cet autre mélange « vie privée, vie publique » qui installe des convictions religieuses personnelles au cœur de la représentation de
Voici donc cette fameuse « identité nationale » éclairée par celui qui en a fait un objet de ministère : « la République a intérêt à ce qu’il existe […] une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. »
Oui, vous avez bien lu : seules les croyances religieuses peuvent vacciner contre le fanatisme. On ne sait qu’admirer, de la lucidité du regard porté sur notre monde ou de la richesse de la réflexion sur le passé, pourtant facilitée par le lieu même où il s’exprimait, que révèle chez le « Président-chanoine » cette métaphysique fort peu républicaine.
Mais qui assurera l’imprégnation dans les consciences de cette « religion civile catholique » ?
« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance.» Reste à indiquer à « l’instituteur » comment le « Président-chanoine » souhaite qu’il « s’approche » du pasteur et du curé ; on espère qu’il n’ira pas jusqu’à préconiser « la radicalité du sacrifice de sa vie », le suicide du martyr ne semblant pas avoir fait toutes ses preuves dans la lutte contre le fanatisme.
Il nous faut, dans notre critique des dégâts démocratiques de ce début de mandat présidentiel, prendre la mesure d’un brouillage des repères qui menace tous les aspects de la vie civique et de l’éthique républicaine. Cela suppose une réflexion approfondie sur les changements sociaux et culturels qui rendent la tâche à la fois plus difficile et plus indispensable. Les réflexions riches et nombreuses de nos derniers Congrès sur la laïcité en ce début de XXIème siècle nous y aideront.
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